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[Texte] L'alarme à l'oeil

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Message par GhostWriter Ven 31 Oct 2014 - 16:55

L'alarme à l’œil


Celui qui s'applique à la vengeance garde fraîches ses blessures.
Francis Bacon

Véro,
C’est pas facile pour un gars comme moi de te dire ce que je veux te dire mais je sens que je dois te le dire un jour. Ce jour, c’est aujourd’hui. Quand je te parle, tu m’entend mais tu m’écoute pas. Tu fait des blagues, tu rigaules de cette grosse voix si charmante, tu décaunes avec Bernie mais tu m’écoutes pas. Tu râles après les clients qui payent pas tout les jus de chaussettes qu’ils boivent mais tu m’écoutes pas. Tu essaures de groces bandes de tissus déguelaces d’où tu fais suinter un jus qui tore nos bauyot et nous fait vomir mais tu m’écoutes pas. Tu craches


A la lecture de cette prose un peu bancale et crasseuse, Matteo esquissa un sourire discret. Il froissa le papier gras qu’il avait ramassé pour en faire une boule qu’il lança adroitement dans la benne en face de lui. Cette dernière était déjà remplie d’immondices plus que de raison mais il avait réussi à faire tenir son projectile d’une manière inattendue, juste en haut de la pile. Le moindre coup de vent renverrait ces quelques mots d’amour maladroits, ce viol de l’orthographe, parmi les innombrables détritus qui jonchaient le sol, parmi les affiches promotionnelles, les avis de recherche et les dessins d’enfants faits à la pâte crayeuse. La patronne du Hilton avait bien de la chance d’avoir quelqu’un qui tenait à elle, pensa Matteo, même si le vendeur du coin mou n’aurait probablement jamais le courage d’avouer son amour à Véro. Il avait reconnu son style syntaxique si caractéristique mais surtout les tâches d’huile de vidange qui maculaient les nippes du camelot. De plus, c’était un secret de polichinelle : la soeur de Bernie n’avait jamais acheté les bagues de plastique thermomoulé qu’elle portait à ses index.

La lecture de cette lettre avait permis à Matteo de quitter les brumes de l’anxiété dans lesquelles il se démenait. Assis sur une planche de bois moins branlante que les convictions auxquelles il se raccrochait, il se demandait encore et encore si sa quête avait un sens. On n’avait pas eu de nouvelles des Lombardi dans tout le royaume de Clothilde IV depuis des mois et lui continuait à les traquer inlassablement. Les combats clandestins auxquels il se livrait lui permettaient tout juste de gagner de quoi suivre les maigres indices que la fratrie semait malgré elle. Toutefois, ils servaient également d'exutoire à la haine et à la colère qui hantaient son être tout entier. Aucun des membres du trio ne trouvait grâce à ses yeux : surtout pas le couard Dario, celui qui avait tué Judith, l’amour de sa vie, sûrement pas la psychotique Sara dont l’Humanité devait être sevrée. Pas même le vénérable Raoul dont la propension à vouloir sauver sa famille n’était pas vénérée par Matteo. Trois cibles pour un même but : faire son deuil. Et puis quoi ensuite ? C’était bien là son problème : son existence ne se définissait plus que par sa vengeance, au terme de laquelle il ne serait plus qu’une ombre sans objectif qui ressasserait le moment où il n’avait pas pu saisir sa chance avec Judith. Était-ce cela que la rousse de son coeur aurait voulu pour lui ? N’être qu’un écho … écho ... écho … dans la nuit, attendant que des frères Winchester de passage ne viennent se forger un petit enfer personnel et ne l’extirpent de ce plan astral sans saveur.

La clameur de voix tonitruantes en provenance du sous-sol arrivait jusqu’à ses oreilles, qui des vivas de la foule de ses supporters, qui des huées de la masse grandissante de ses détracteurs qui lui préféraient son adversaire d’un soir. Trois étages au-dessus, le local exigu dans lequel il attendait puait franchement la sueur, la pisse, le vomi et le camphre, ce dernier étant utilisé contre les mites qui pullulaient, la benne à ordures n’aidant en rien. Matteo vérifia une dernière fois que les bandes rouges dont il avait recouvert ses mains, ses poignets et ses genoux pour les protéger étaient fixées solidement. Avant de l’enterrer, il avait déshabillé son ancienne patronne et recyclé son manteau écarlate en taillant dans le tissu les strappings avec lesquels il protégeait ses articulations. Son plastron, hérité de son ancienne vie à la Brigade Temporelle, complétait son arsenal défensif.

“Deux minutes !”

Au dernier moment, Matteo plongeait ses poings - les faiseurs d’orphelines comme les surnommaient ses fans - dans la première cuve devant lui. Une couche épaisse de résine végétale, de la colophane, donnait à ses armes naturelles une couleur chaude et ambrée. On avait rempli un second bac d’éclats de verre et de métal à partir de la destruction d’appareils diverses et de peu de valeurs : des clous, des bouteilles d’alcools, des conserves de Wiz, des rails de chemin de fer rouillés, une gamelle bâton espagnol, les bris d’un ancien tournevis sonique. Matteo reconnut même l’armature souillée de ce qui fut jadis un grille-pain ! Sur le contenant, un hypothétique sponsor avait appliqué un autocollant promotionnel dont la propreté dépareillait avec la saleté du reste : Coin Dur. Il s’appliqua à enfouir complètement ses mains dans les reliques de civilisation qu’on lui proposait. Sa létalité était en hausse.

* * *

Les boîtes de Wiz passaient de la main des parieurs à celle de Bernie avec la rapidité de celui qui ne connaissait que trop bien le milieu interlope des combats clandestins. Le frère de Véro faisait une marque au canif sur le couvercle de la boîte selon l’origine du pari. Il les lançait ensuite dans un chariot de fortune où elles s’amoncelaient. La voix gouailleuse de la tenancière du Hilton faisait office de cloche pour signifier que l’on ne prenait plus aucune mise : “Ouais, le prochain qui parie, j’le baffe !!”. Tous savaient que cela n’avait rien de paroles en l’air … et ceux qui l’ignoraient apprenaient vite. Soulevant la poussière lourde dont le sol était recouvert, Matteo fendait la foule pour atteindre une arène ronde de huit mètres de rayon. Il sauta prestement les palissades en bois qui formaient la structure de la zone de combat.

Il crut tout d’abord qu’il n’avait pas d’adversaire, personne qui n’avait osé défier les quarante-cinq K.O de ses quarante-six combats. Faux orgueil. Il baissa les yeux et à environ soixante centimètres du sol, un vieux nain lissait de magnifiques moustaches à la Dali qu’il cirait à l’huile de vidange. Matteo retint un rire moqueur. Quelques cris dans la foule lui permirent de retenir le nom de celui qu’il allait envoyer valdinguer à l’autre bout de la pièce : Bonsaï. Complètement chauve, le torse enrubanné d’un tissu rouge et épais, il avait l’allure comique d’un numéro de foire qu’un cirque ambulant aurait trimballé de Néo-Versailles à Néo-Constantinople. Quelques voyageurs en transit, ivres des alcools locaux, avaient confié à l’épaule non intéressée de notre héros qu’à New-Amsterdam, très à l’ouest du royaume de Clothilde IV, derrière le dôme de lumière, des prodiges se réalisaient tous les jours sous les yeux de ceux qui pouvaient s’en payer le luxe. Les mots dragons de poussière, briseurs de tonneaux et pigeons jouant de la trompette avaient été prononcés.

Pendant que notre auteur, perdu dans les brumes littéraires d’une muse aux reflets roux, divague allégrement sur les richesses des contrées oubliées, Mattéo avait déjà vu s’écraser contre son bassin le premier assaut d’un combattant, qui avait choisi de tout simplement courir sur lui. Sans plus d’effet que celui qu’aurait une mouche fonçant sur une tôle d’acier. Profitant d’être au contact de cet adversaire d’un genre particulier, il l’empêcha de s’éloigner et lui travailla la mâchoire d’une petite dizaine de coups de genoux. Il conclut d’un magistral coup de pied qui l’envoya contre les pals intérieurs de l’arène. Contre toute attente, Bonsaï se releva sans aucune égratignure.

Cette fois-ci, il prit plus de vitesse et précéda l’impact contre Mattéo d’un trois-quarts de tour qui le prit à défaut. La lame de rasoir que le nain avait de collée au coude gauche entra de cinq centimètres dans l’abdomen. Elle ressortit bruyamment aussi sec. Un filet de sang coula et coagula rapidement au contact de l’air vicié du sous-sol. L’ancien garde-du-corps dit bonjour au voile qui tombait devant ses yeux et qu’il ne connaissait que trop bien. Combat après combat, il avait presque appris à l’apprécier. Sauf qu’il faisait son apparition beaucoup trop tôt. Un genou à terre, les mains sur la plaie béante, il s’efforçait de ne pas tomber dans les vapes.

“J’aurais dû mieux m’occuper de toi”

Non ! Il ne voulait pas … Le phantasme puéril digne d’une mauvaise fan-fiction n’avait pas sa place ici. Il pouvait survivre avec sa perte, pas avec le travestissement de sa mort. Se redressant difficilement, il eut tout juste le temps de parer la nouvelle attaque de son assaillant en mode boulet de démolition pour maison de pygmée. Dans les combats qu’il gagnait habituellement, Matteo privilégiait les attaques de ses poings puissants pour infliger de gros dégâts à la structure corporelle de son adversaire. Néanmoins, les météores de Pégase ou la colère du Dragon elles-mêmes n’auraient pas porté sous soixante centimètres de hauteur. Il fallait ruser … comme un Renard ! Lui aurait su quoi faire ! L’intelligence tactique n’était forcément la catégorie dans laquelle Mattéo avait farmé son arbre de compétences.

“Si j’avais voulu d’un chien qui me suit partout, j’en aurais pris un plus petit”

Réminiscences du temps jadis. Les souvenirs plongeaient leurs ongles carmins dans une plaie psychique qu’ils s’évertuaient à ne jamais laisser se refermer. Croire qu’on peut indéfiniment se tourner autour, c’est oublier que l’existence est une maîtresse qui se lasse vite. Aujourd’hui, Judith et ses piques n’étaient plus. Seul, il devait se battre et ses remords étaient autrement plus coriaces que ce nain chauve. Pourtant, ce dernier ne lui laissait aucun répit, sa petitesse lui offrant un bonus de vitesse très appréciable. Cependant, le moindre de ses coups, si tranchants soient-ils, venait lécher le plastron sans l’écorcher. Mattéo martelait de coups de genouillères le nain qui ne semblait pas y prêter attention.

“Plus fort … Plus fort !”

Mattéo eut un instant d’inattention qui lui fut fatal. Son adversaire en profita pour utiliser le genou de notre héros comme un promontoire. Il décolla du sol avec une vélocité surprenante au regard de sa physionomie, prit un appui, un seul, et arriva largement au-dessus de son objectif. Facilement, il plongea en piqué diagonal, mettant sa main gauche en avant. Mattéo ne vit qu’en partie les trois centimètres d’une vis Pentalobe qui fit le job : elle se détacha de la colle qui la fixait et s’enfonça entièrement dans son oeil gauche. Un amas de chairs filandreuses et de sang s’éjecta de son globe oculaire. Bernie vomit. Deux fois.

* * *

A cette heure tardive de la nuit, le Hilton était presque désert. Seuls quelques rince-pintes et autres soiffards repoussaient tant et plus l’appel de Morphée. Le vendeur du coin mou frappait très vite le comptoir de Véro en réclamant qu’on lui noircisse un chevreuil ! Qu’on lui noircisse un chevreuil !!! Il était complètement saoul. En somme, le moment était parfait pour un rendez-vous discret. A l’heure où l’astre noircit les visages et illumine les consciences, Mattéo, statique, écoutait son interlocuteur débiter ce qu’il prenait pour un monceau de bêtises. Mais à Néo-Versailles, Octave régnait plus ou moins sur tout ce qui était illégal : des combats clandestins à la prostitution, des tournois d’osselets au marché noir du Wiz. Et s’il voulait continuer à pouvoir suivre la trace des Lombardi, il lui fallait subsister. Et répondre favorablement à l’invitation d’un être influent comme le bras droit de Clotilde IV était plutôt sage. Même si franchement, la proposition que ce personnage venait de lui faire le dégoutait.

Octave remit en place le col de son costume. Sur le revers, un peu du plâtre qu’il s’appliquait sur le visage, en plus d’autres substances proprement cancérigènes destinées à lui donner ce teint pâle à la mode, s’était déposé. Derrière lui, deux pauvres hères en caleçon négociaient un peu de tabac à chiquer. Un mendiant jouait maladroitement en tapant sur des casseroles cabossées un air qui ressemblait à Let’s stay together de Al Green. Matteo s’en souvenait parce que chez Raph, il avait écouté cette chanson avec Judith et que quand un être vous manque – tout est dépeuplé, certes – mais c’est surtout le genre de petites choses dont le prix est sans valeur.

- Octave : Tu sentiras peut-être une petite piqure juste avant de tomber sur le sol. Ce sera la fierté. Mais tu dois lui dire merde ! La fierté fait toujours mal, mais elle n’est jamais d’un grand secours. Et quand tu te prélasseras dans ta caravane avec des WC en or et du PQ de velours, tu te diras « Octave avait raison »

Matteo grogna. Truquer son prochain combat n’était pas dans ses plans. Cela le répugnait. Mais Octave faisait les questions et les réponses, plutôt mis en confiance par le capitaine de la garde qui l’accompagnait.

- Le Capitaine : Alors le petit zouzou va faire bien gentiment ce qu’on lui dit ou alors … Ou alors quoi déjà, patron ?
- Octave : Ou alors on l’enverra croupir dans les geôles de Néo-Versailles. Et on l’y oubliera. Foutue paperasse administrative … Quand on voit l’animal qui tient les registres, on comprend qu’on n’est pas pressé de faire sortir du monde autrement qu’avec une pelle…
- Le Capitaine : L’animal, c’est moi !
- Octave : Tu vois Matteo, tant que cette petite … dinde de Reine Clotilde IV n’aura pas résolu ses problèmes de confiance en elle, ce sera Octave le vrai roi de Néo-Versailles, sois en sûr ! Mademoiselle veut qu’on l’aime ! Non, mais est-ce qu’on arrivera à tirer quelque chose de toute fange de l’Humanité en leur donnant de l’amour ? Et puis quoi encore, ils ne veulent pas qu’on les nourrisse non plus ?

Le bruit qu’il entendit juste après fut celui du vendeur du coin mou en train de lui vomir sur les chaussures.

Apparemment, il avait trouvé un chevreuil à noircir. Et un beau.

* * *

« Encore debout ! Ben mon con ! » Véro avait l’art de résumer les situations. Chancelant, n’ayant jamais perdu sa lucidité, ne serait-ce qu’une seule seconde, le héraut de Judith ne s’avouait pas vaincu. Jamais. Même complètement aveugle, des hommes moins forts que lui avaient déjà terrassé sur pellicule des adversaires. Et ce Chong Li d’opérette avait fait l’erreur funeste de lui laisser un oeil valide. Il n’inscrirait pas le mot fin sur le film de sa vie. Pas tant que Raoul Lombardi protégerait son frère, pas tant que Dario vivrait et promènerait sa morgue et sa couardise quelque part, pas tant que Sara Lombardi serait … elle-même en fait, psychotique et névropathe.

Le deal ne tenait plus. Il ne prit pas la peine de chercher Octave du regard – cela aurait été trop long – le favori de la Reine ne se rendait pas dans ce lieu de perdition, laissant Bernie traiter ses affaires. Toujours-est-t-il que ce mafieux de pacotille s’était fourvoyé : il avait crû que Mattéo était un homme, qu’on pouvait le manipuler, détourner ses sentiments, utiliser sa cupidité. Mais Mattéo n’était plus un homme. Il n’était qu’une idée, l’instrument d’une vengeance que tout le Wiz du monde connu n’aurait su infléchir. Une vengeance aveugle.

Dans l’assistance, les gens exhortaient le nain à finir le travail. Ils réclamaient du sang. Panem et circenses. Néo-Versailles, nouvelle Rome, endormait la faim de ses habitants en attisant leurs plus bas instincts. Ce combat était pour eux l’un des plus trépidants de la saison ! C’était David contre Goliath, Samson contre les Philistins, Oberyn Martell contre Gregor Clegane ! Relève-toi, gladiateur, relève-toi et puisque tu refuses que ta dame de coeur te tende un bras cosmique pour te remettre en selle, accepte de saisir celui plus grossier de l’auteur, son plus fidèle gardien. Quand son adversaire arriva pour l’achever, Matteo, qui était à genoux, sa main gauche empêchant le globe de quitter son orbite ensanglantée, put alors se saisir de Bonsaï. Il le souleva à deux mètres du sol, l’installa un instant sur ses épaules, lui fit exécuter un demi-tour et le projeta sur le sol avec une telle violence qu’on entendit nettement les os craquer. « Kata Guruma » dit-il simplement avant de s’évanouir.

* * *

Un pigeon se posait en plein milieu du Cimetière des Carcasses. Immédiatement, un RTI slalomait, agile, entre les pièges que d’hypothétiques petits bâtards avaient peut-être posés. Croquant le volatile, il l’emportait dans sa gueule. Sûr de lui, il cavalait, cassait une fenêtre pour entrer dans le bâtiment d’en-face où il fut accueilli par une balle entre les deux yeux. Derrière la balle, il y a avait de la fumée, derrière la fumée une arme, derrière l’arme une main. « Au moins, nous aurons de la viande ce soir » aurait pu comprendre un spectateur qui aurait eu l’ouïe assez fine pour passer outre le bruit assourdissant des rotatives. Construite il y a une vingtaine d’années par Amédée Bollet, un riche industriel qui fit faillite en publiant un journal s’opposant à la politique despotique de Clotilde III, l’ancienne usine de papier était une cachette idéale. Suffisamment éloignée du palais royal pour ne pas être incluse dans les rondes des gardes, suffisamment proche pour voler de quoi se nourrir.

Le bruit des machines martelait les tempes de Mattéo. Une main pourtant amie essaya de lui appliquer une étoffe rêche sur le visage mais elle fut saisit au vol. Sa peau était si douce qu’il fut … curieusement surpris et il se retint de lui casser le poignet. Il ouvrit son oeil valide, l’autre étant recouvert d’un cataplasme de farine de moutarde propice à une cicatrisation rapide. Mattéo était allongé sur une grande table qui servait jadis à composer les mises en page. Il chercha à se relever pour immédiatement se recoucher, sa tête lancinante ne lui laissant pas faire de mouvements trop brusques.

« Je viens de finir de vous recoudre, vous devriez vous reposer ».

La voix était féminine, mâtinée d’un accent discret que Mattéo ne reconnaissait pas. Roulant les r, adoucissant les voyelles et durcissant les consonnes, elle trahissait son origine, cependant inconnue à notre héros qui, s’il avait voyagé, n’était pourtant pas familier avec cette intonation. La fatigue l’assomma. Le soleil avait accompli plus d’un quart de cadran lorsqu’il reprit connaissance. Il put enfin s’asseoir. Il reconnut l’usine, les gravas sur le sol de ce qui avait été auparavant l’antre de l’opposition, les énormes bobines de bois sur lesquelles s’enroulaient jadis des quantités astronomiques de fils de cuivre, filins d’acier, et ficelles de chanvre. Les murs se couvraient de dessins picaresques, d’emblèmes bariolés que des artistes en devenir avaient réalisés à la craie de fortune. « Merde à celui qui lira » s’étalait en Comic Sans – il y a des abominations qui traversent les époques ! – en lettres immenses de couleur rouge. A sa gauche, une tenture mandarine marquait une délimitation franche. Derrière, le jeu de lumières que le hasard proposait offrait une transparence mutine. Ondine parmi les Hommes, au bruit que faisait l’eau se versant dans un récipient, à la façon dont l’ombre était à genoux, elle finissait certainement de se rincer les cheveux. L’apparition approcha. Le bruissement du rideau se mélangea au frémissement de Mattéo. Il s’empara du premier objet contendant qu’il trouva.

Ruisselant sur le sol, l’eau semblait forger une trace de son passage, comme la traîne d’une mariée. De taille moyenne, ses cheveux étaient néanmoins si longs qu’ils venaient lécher l’extrémité de ses talons, étaient si sombres que l’on aurait dit le ramage d’un corbeau, étaient si bouclés que les vagues n’avaient pas davantage de tumultes. Il stoppa son geste, cette femme ayant déjà eu l’opportunité de lui faire du mal si cela était son objectif.

- Posez ça, Matteo. Venez plutôt m’aider.
- Comment connaissez mon …
- Je suis votre future femme.

* * *

Atalante avait relevé sa chevelure, laissant les mains de celui qui allait devenir l’homme de sa vie nouer les lacets de son corset de cuir qui couraient dans son dos. Serrer bien fort. Contraindre sa lourde poitrine à rester en place dans la violence d’un combat impromptu. Matteo n’était pas loquace. Ses doigts malhabiles glissaient sur la peau ébène. C’était la première fois que notre héros rencontrait une métisse comme elle. C’était la seconde fois que les yeux verts péridots de la jeune femme se posaient sur cet homme. Le Coeur, le dieu-esprit, ne s’était pas trompé lorsqu’il avait fait apparaître Mattéo dans la fumée d’une tente de sudation, lors de la cérémonie du Choix. Il était là, devant elle. Mais le mari de demain ne devait être aujourd’hui qu’un instrument. Si tranchant soit-il. Sûre de sa destinée, elle était certaine de le séduire à son heure. La façon qu’il avait de caresser son tatouage, un caducée, ne mentait pas. Vingt et une années d’existence lui avait appris comment fonctionnaient les hommes. Dix minutes avaient été suffisants en réalité. Elle brisa le moment en faisant un pas, frustrant Matteo. Mais cette frustration l’électrisa plus que ne l’aurait fait un baiser.

Il but une rasade d’eau fraîche. Un ruisseau coulait derrière le bâtiment. Il rendit sa gourde à sa chirurgienne qui se désaltéra à son tour.

- On ne façonne pas le cuir ainsi par ici nota-t-il
- Vous devriez mettre quelque chose sur votre oeil. J’ai retiré les éclats comme j’ai pu. Ca ne s’infectera pas.
- Ça vous arrive parfois de ne pas changer de sujet ?
- Quand le sujet en vaut la peine. Je ne suis pas venue ici pour faire la causette.
- Pour quoi alors ?
- Préparez-vous. Nous décollons dans dix minutes.

Atalante n’avait pas livré à Mattéo toutes les pièces du puzzle, loin de là. Mais comme tout aventurier, le passé lui importait peu. Il n’avait pas besoin de savoir comment il avait quitté l’arène de combat, ni comment elle l’avait amené jusqu’à l’usine de Bollet. Il se concentrait sur l’avenir. Mais ce n’était pas pour autant qu’il faisait confiance à son médecin d’un jour, même s’il ne pouvait s’empêcher d’être reconnaissant. Par contre, si elle pensait qu’il allait la suivre, elle se trompait. Elle lui avait donné l’opportunité de continuer sa mission. Même borgne, il pouvait encore éradiquer de la surface de la Terre le trio Lombardi.

Son sac l’avait suivi. Il fouilla pour en sortir le pantalon noir de Judith. Il découpa avec une paire de ciseaux rouillés une longue bande de tissu. Il s’en fit un bandeau qu’il attacha sur son orbite vide. Un vrai pirate. Il fit deux trois mouvements de tête pour s’assurer que cela n’entraverait pas ses mouvements. Il eut une réminiscence du parfum de son ancienne patronne. Elle disparut vite : devant lui, Atalante attachait ses cheveux dans un assortiment complexe mais maîtrisé de noeuds qui étaient du plus bel effet. Envoutante. Un bruit suspect les interpella tous deux. Un grognement. Puis huit. Une horde – oui, quand il y en a huit, on peut dire une horde, Arthur ! – de RTI les encerclait. La jeune femme fit cliqueter son arme dans le vide : plus aucune munition ! Accompagnée du tintement des chaînes qu’elle portait aux chevilles, elle courut se saisir d’un couteau dont la lame était longue d’une vingtaine de centimètres. Apparemment, le docteur opérait davantage sur les champs de bataille que dans les hôpitaux. Mattéo sortit sa dague. Les deux combattants se mirent dos à dos. Les deux premiers assaillants virent une lame les traverser de part en part quand ils s’approchèrent d’un peu trop près. Mais deux RTI couraient déjà vers Atalante et tuer deux bêtes avec une seule arme était un exploit que vous ne verrez pas dans une histoire comme celle-ci. Mattéo fit trois pas en avant et lança, en aveugle – c’était presque le cas de le dire - son couteau pile entre les deux yeux d’un des deux monstres. Au même moment, sa camarade tuait l’autre fauve. Désarmé, notre héros ne pouvait que constater qu’un RTI se jetait sur lui. Il empoigna sa mâchoire et le tint difficilement à distance de sa tête. Se rapprochant sans cesse, il vit le regard de la Mort lui faire de l’oeil puis une grande lumière blanche. L’animal s’embrasa rapidement. Un grand feu était en train de faire fuir les menaces qui restaient.

- On est dans une usine de papier, vous vous souvenez ?

Atalante était une sacrée combattante, constata Mattéo, de la race de celle qu’on aime avoir avec soi. Tout contre soi…

- Allez, filons ! Il n’est pas exclu que d’autres reviennent.
- Allez de votre côté, j’irai du mien.
- Vous m’accompagnez. Octave vous recherche dans tout Néo-Versailles. Il ne mettra pas longtemps à vous retrouver.
- Qu’il vienne.
- Je sais où se trouvent les Lombardi.

* * *

Elle avait eu l’orgueil de croire qu’il aurait pu l’accompagner simplement pour le plaisir de sa compagnie, juste pour être avec elle. Elle s’était trompée et elle s’était finalement décidée à révéler le véritable motif de sa venue. Pour cela, il fallait qu’il lui raconte son histoire. Atalante appartenait à la Morille, une communauté religieuse de huit mille membres située entre Néo-Versailles et New Amsterdam. Elle évoqua leur adoration du dieu-esprit, le Coeur, et comment à chaque vingt-et-unième anniversaire, il faisait entrevoir le visage de l’âme soeur des communiants lors de la cérémonie du Choix. Il y a un peu plus de six mois, leur ville avait eu la mauvaise surprise de voir débarquer la fratrie Lombardi. Leur tranquillité proverbiale avait cédé la place au chaos de Sara et à la délinquance de petite frappe de Dario, le tout sous la chape de protection de Raoul. La crainte était omniprésente. L’homme de loi avait été pendu dans le silence de tous. Il y a soixante jours, on avait franchi une étape de plus dans l’effroi : la soeur jumelle d’Atalante, Déjanire, avait vu se peindre dans la fumée prophétique du Coeur le rictus horrible de Dario Lombardi.

- Il faut savoir que mon père est très croyant et qu’il ne lui viendrait pas à l’idée de trahir le dieu-esprit. Mais je refuse de voir ma soeur mariée à ce butor ! Déjanire n’est que douceur, gentillesse et blondeur. Elle ne mérite pas l’avenir qui se profile. Nous avons appris des villages voisins que vous cherchiez la trace des Lombardi et …
- Et vous vous êtes dit que je ferais le sale boulot à votre place …

Mattéo n’était ni un Josey Wales ni un Pale Rider. Il n’allait pas jouer les inconnus arrivant en ville pour la nettoyer de ses hors-la-loi pour repartir sans demander son reste. Si ?

- Je m’étais surtout dit que vous n’étiez pas un fils de pute.

Le ton était méprisant mais quand Déjanire était en péril, Atalante ne pouvait soigner ses manières. Cependant, tels ne pouvaient être ses derniers mots. Elle conclurait son argumentaire par une formule qui devait emporter l’adhésion de son interlocuteur, qui devait balayer ses dernières incertitudes :

- Je viens vous offrir une nouvelle vie, Mattéo. Je viens vous offrir une taverne.
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[Texte] L'alarme à l'oeil  Empty [Concours] Texte 18 : L'alarme à l'oeil

Message par Tanuki Mar 4 Nov 2014 - 23:53

Point modo concours :

Ce texte a été écrit dans le cadre du concours de textes 2014 "L'écrivain du futur" (cliquez sur ce lien si vous voulez savoir les consignes, thèmes et contraintes d'écriture, auxquelles étaient soumises la création de ce texte). Pour cette raison ne vous étonnez pas des premiers commentaires que vous pourrez lire. Ils ont été écrits au cours de ce concours durant lequel l'auteur était anonyme. ^^

Si ce concours et les textes qui ont été écrits dans ce cadre vous intéresse, vous trouverez les liens de chacun d'entre eux sur la page des résultats du concours.

Merci à vous !


Dernière édition par Tanuki le Mar 3 Mar 2015 - 10:56, édité 1 fois

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[Texte] L'alarme à l'oeil  Empty Re: [Texte] L'alarme à l'oeil

Message par Zazu Lun 17 Nov 2014 - 18:13

Pfiuuu, ça c'est du texte ! Il est très agréable à lire, j'ai beaucoup aimé la narration antéchronologique ainsi que les fragments de phrases qui renvoient au passé de notre héros. Mais plus encore toutes les références, vraiment bien insérées (tout comme les contraintes).

Cette quête m'a beaucoup plu, quoique je ne peux m'imaginer Mattéo regarder une autre femme que Judith. Que de rebondissements, tu sais super bien gérer le suspens et l'attention du lecteur ! J'espère une suite !
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[Texte] L'alarme à l'oeil  Empty Re: [Texte] L'alarme à l'oeil

Message par GhostWriter Sam 29 Nov 2014 - 8:31

J'ai bien aimé le style d'écriture et la narration est plutôt maîtrisée. Ça se voit que tu as déjà écrit des textes. Forcément, j'ai accroché, dès lors que tu évoques Judith et Mattéo et tu ne nous as pas servi une énième resucée d'histoire d'amour.
Il y a pas mal de références aussi plus ou moins bien glissées. J'ai simplement une question : Atalante et Déjanire sont de fausses jumelles, on est bien d'accord  ? Parce que sinon je comprends rien. Ça apporte quelque chose d'ailleurs qu'elles soient jumelles ? Bref, j'ai bien aimé cette explicitation des motifs de la vengeance de Mattéo.


Dernière édition par GhostWriter le Dim 30 Nov 2014 - 15:20, édité 1 fois
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[Texte] L'alarme à l'oeil  Empty Re: [Texte] L'alarme à l'oeil

Message par OrTubage Dim 30 Nov 2014 - 15:13

Waa Oo'... La fluidité du texte et l’emboîtement des paragraphes est impressionnante ! J'ai beaucoup aimé les différentes références dispatchées un peu partout et on ne remarque même pas les mots imposés (l'expression est particulièrement bien casée ^^).
Par contre moi je veux bien la suite ! Very Happy
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[Texte] L'alarme à l'oeil  Empty Re: [Texte] L'alarme à l'oeil

Message par yao Jeu 4 Déc 2014 - 17:34

Alors, je dois avouer que j'ai été assez paumé pendant un moment. Je ne sais pas si c'était dû à la fatigue mais je ne pigeais pas grand-chose au début ^^'

J'ai mieux suivi à partir d'Atalante... et la fin... bah c'est pas vraiment une fin Razz Enfin, une belle fin d'un chapitre mais on n'a pas tous les éléments en main pour deviner la suite de l'histoire ^^

Quant au style d'écriture, oui, on voit que ce n'est pas ton premier texte mais je pense que ce style correspondrait davantage à un roman qu'à une nouvelle de moins de 10 pages (d'ailleurs, comme je l'ai dit, on n'arrive pas au bout de l'histoire ^^ )

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Message par maribanbelle Mar 30 Déc 2014 - 2:32

Comme Yao j'ai été un peu perdu au début du texte et j'ai eu de mal à rentrer complètement dans l'histoire.
Par contre c'est indéniablement bien écrit, les contraintes sont respectées avec brios. Bref c'est un très bon texte Smile
Mention spéciale pour le titre que j'adore Very Happy
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Message par GhostWriter Mar 10 Mar 2015 - 12:05

J'ai écrit cette histoire parce que j'étais un peu frustré que la saison 4 ne m'en apprenne pas plus sur le destin de Mattéo, sur ce qui le meut, sur ce qui le pousse à agir et surtout ne me raconte pas comment il assouvit sa vengeance ou comment il perd son oeil. L'histoire de Mattéo se finit en queue de poisson et j'aurais aimé que la mort de Judith soit légitimée par une renaissance du personnage de Mattéo.

Alors, j'ai imaginé un Mattéo badass façon personnage des années 80, héros de série B, à la manière d'un Jason Statham ou d'un Dolph Lundgren, quelqu'un qui avance en vivant dans le souvenir de celle qu'il a perdue et qui rencontre quelqu'un qui l'aidera à renaître.

Tout n'a pas un début et une fin. Un récit c'est une photo d'un moment M de la vie d'un personnage, une rencontre où l'on apprend ce qui s'est passé et il faut déjà laisser le personnage repartir. On imagine ce qu'il y a aut avant, on se laisser guider par ce qu'il y aura après...

Merci à ceux qui ont lu, et à ceux qui ont aimé.

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Message par Titmoff Mar 10 Mar 2015 - 23:17

J'adore lire ton commentaire après coup ^^

Je l'ai enfin lue. Oui parce que tu m'avais demandé de la reconnaître et je n'ai pas eu la foi, ni le dieu-esprit d'ailleurs, de toutes les lire pour trouver la tienne. Et j'ai kiffé, curieusement (ironie). C'est très bien trouvé tout ça, ça ficelle bien le tout, j'aime bien cette explication. Bon, on veut forcément en savoir un peu plus sur Atalante mais j'imagine que, si un jour tu en ressens l'envie, on aura un développement de tout ça Smile

En tout cas, merci et félicitations. C'est remarquablement bien écrit, comme d'habitude, les personnages sont respectés et ça parle d'amour de la plus belle des façons, comme seul toi sait le faire.

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